Il y a quelques mois en mai, le festival Ludiquest a été pour moi l’occasion de découvrir de nouveaux jeux dont certains que j’avais longtemps vu passer sur les réseaux sociaux sans réussir à m’en faire une idée. Et Aetherya faisait définitivement partie de cette catégorie.
Alors que son thème fantastique mêlant humains, nains, elfes et gobelins pouvait me parler, la couverture de la boîte ne parvenait pas à m’immerger dans ce que serait le jeu. Du côté des mécaniques, j’avais lu et relu que le jeu était un Skyjo revisité, jeu très efficace mais que ma fille m’a complètement gâché à force d’enchaîner les parties jusqu’à ne plus pouvoir le voir.
Il faut donc l’avouer, j’étais un peu timide à l’idée de me diriger vers les tables le présentant à Ludiquest. Et c’est là que la magie des festivals opère, des tables un peu trop rares, on se dirige vers un jeu qui n’était pas vraiment dans notre liste et d’un seul coup, la mayonnaise prend. Toute la tablée que nous étions a beaucoup apprécié le jeu et grâce à Atalia, j’ai pu prendre le temps de jouer d’autres parties à la maison et je vous présente donc dans cet article ce jeu que je suis très heureuse de posséder maintenant : Aetherya*.
Aetherya en un clin d’œil
Création de François Bachelart (Rivality, Sa-Re) et design de Lucie Mercier (Rivality) et Emma Rakatomalala
Edité chez Nostromo éditions
Distribué par Atalia
1 à 4 joueurs
A partir de 10 ans
20 minutes
Mécaniques : Placement, Cartes
Les règles du jeu en quelques mots
Aetherya est donc un jeu qui repose sur la mécanique du Skyjo est dans lequel vous devrez agencer au mieux des cartes au sein d’un quadrillage 4*4 pour faire cohabiter humains, elfes, nains, gobelins et leurs environnements.
Thématique
La thématique d’Aetherya est évidente et très en accord avec les mécaniques de jeu.
L’univers fantastique est d’abord superbement illustré et on aime à se retrouver dans ce monde coloré et qui nous rappelle des sagas bien connues de tous.
Dès les premières cartes jouées, on se rend bien compte que ces peuples et créatures sont en parfaite cohérence avec les mécaniques de placement de cartes. Chaque peuple aura ses environnements et voisins privilégiés et certains ne pourront pas cohabiter.
Les dragons et portails apportent enfin une dernière touche fantastique au jeu sans renier sur la logique générale.
Les différents éléments du jeu
Dans la jolie boîte d’Aetherya, vous trouverez principalement des cartes.
Les premières sont les cartes carrées que vous devrez placer sur votre quadrillage. Elles pourront être de 4 types différents :
- les peuples : humains, elfes, nains et gobelins
- les environnements : prairies, forêts, montagnes et marécages
- les dragons
- les portails.
Ces cartes ont sur leur verso une petite indication bien pratique pour l’installation du jeu puisque vous devrez en sélectionner certaines en fonction du nombre de joueurs que vous êtes.
Vous trouverez aussi des cartes Objectifs, du même format mais avec un petit livre au verso au lieu du dragon. Ces cartes vous permettront de marquer des points lorsque le placement des cartes sur votre quadrillage correspondra aux contraintes indiquées sur les cartes.
Enfin, la boîte offre aussi de nombreux jetons pour jouer à une première variante détaillée dans le livret de règles. Ces jetons sont des objets dont vous pourrez appliquer l’effet lorsque vous retournez la carte sur laquelle il est posé.
Petit tour sur les règles
Pour commencer une partie d’Aetherya, vous devrez commencer par distribuer 16 cartes à chaque joueur.
Mise en place de votre espace de jeu
Chacun crée un quadrillage 4 par 4 avec les cartes faces cachées et retourne les 4 cartes centrales. La première contrainte est que ces 4 cartes soient différentes. Si elles ne le sont pas remplacez une des cartes identiques par une de la pioche. Vous pouvez ensuite agencer ces cartes comme vous préférez dans les 4 emplacements centraux.
Une pioche est mise à disposition des joueurs avec les cartes restantes et la première carte est retournée face visible à côté. Huit cartes Objectifs sont mis à disposition des joueurs face visible, les autres sont positionnées à côté dans une pioche face cachée.
Actions d’un tour de jeu
Les joueurs jouent ensuite dans le sens des aiguilles d’une montre en enchaînant les actions suivantes :
- choisir de prendre soit la carte face visible de la pioche, soit la première face cachée
- placer cette carte dans son quadrillage (sauf si vous avez choisi la carte face cachée et qu’elle ne vous convient pas, vous pouvez alors la défausser et retourner n’importe quelle carte face cachée de votre quadrillage). Vous pouvez pour cela placer la carte à la place d’une carte face visible ou face cachée de votre quadrillage. Vous placez sur la défausse face visible, la carte que vous retirez alors de votre espace de jeu
- vérifier si vous remplissez un des Objectifs disponibles, si oui, prenez la carte et remplacez la par une des cartes Objectifs de la pioche.
Les tours de jeu s’enchaînent ainsi jusqu’à ce qu’un joueur dévoile sa dernière carte face cachée, la partie prend alors immédiatement fin. les autres joueurs retournent leurs cartes encore cachées, il est alors temps de procéder au décompte des points.
Règles de scoring
Plusieurs contraintes différentes vous permettront de marquer, ou de perdre des points, et vous devrez donc toutes les garder en tête pour agencer au mieux vos 16 cartes :
- contraintes d’environnement : vous marquerez d’abord des points en fonction des positions des peuples vis à vis des environnements. Chaque peuple a ses préférences avec par exemple l’elfe qui marquera 2 points pour chaque forêt adjacente. L’humain marquera des points si il est à côté des prairies, montagnes ou forêt. Mais attention, les elfes et humains pourront aussi perdre des points si ils sont à côté de marécages.
- contraintes de voisinages : si certains peuples différents se retrouvent côte à côte, vous perdrez 2 points par confrontation. Les gobelins se battront par exemple avec tous les autres peuples, tout comme les nains et elfes qui ne s’entendront définitivement jamais.
- les dragons vous permettront de marquer des points si ils sont domptés par une espèce donnée (hors gobelins). Il faudra pour cela que les dragons sur votre espace soient entourés par au moins deux cartes d’une même peuplade. Vous gagnerez 3 points par dragon dompté si vous n’en n’avez qu’un, 5 points si vous en avez 2 et 6 si vous en avez 3. Mais attention si vous en avez plus ou si ils ne sont pas domptés, vous perdrez des points.
- enfin vous additionnerez les points des cartes objectifs que vous aurez collectées.
Dernière carte dont je ne vous ai pas parlé, les portails. En toute logique, ils vous permettront de relier les cartes entre elles. Cela permettra de faire passer des peuples vers des environnements, des dragons mais aussi vers d’autres peuples, même si cela doit créer des confrontations.
Evidemment, le joueur qui a le plus de points à la fin de la partie l’emporte.
Aetherya, j’en dis quoi ?
Aetherya est une de mes bonnes surprises de cette première moitié de 2023. J’ai longtemps hésité à le tester et j’ai été vraiment heureuse de découvrir un jeu efficace, stratégique mais aussi rapide et avec un thème très réussi. Il a aussi su séduire de nombreux joueurs de mon entourage.
Redécouvrir le Skyjo
Ma première bonne surprise en jouant a Aetherya, a été de redécouvrir la mécanique de Skyjo dans un jeu bien plus stratégique et intéressant pour la joueuse que je suis.
Je me souviens du jour où j’avais découvert ce concept de quadrillage de cartes à dévoiler, et je me souviens d’avoir vraiment accroché à cette mécanique nouvelle. Je ne possédais alors pas le jeu moi-même et je ne manquais jamais une occasion de lancer une partie lorsque je le pouvais avec des amis joueurs qui l’avaient.
Avec le temps, j’ai fini par craquer mais depuis, ma fille qui est tombé en amour devant ce jeu a réussi à presque m’en dégouté. La mécanique est toujours aussi sympa mais le côté très hasardeux et limité en stratégie a fini par me lasser devant le nombre de parties enchaînées.
Et avec Aetherya, j’ai trouvé la parfaite dose de réflexion pour ce concept. L’agencement de sa grille prend tout son sens avec ces peuples et environnements à positionner au mieux pour que tous cohabitent. La dose de hasard est encore ici importante mais la stratégie pour faire cohabiter toutes les contraintes suffit à rendre le jeu intéressant et à le renouveler complètement.
Un univers parfaitement décliné
Le thème est tout aussi réussi avec cet univers fantastique, ces personnages classiques des fictions actuelles et les dragons et portails qui viennent compléter l’ensemble.
Les illustrations de Lucie Mercier sont très réussies et colorées, tout en étant parfaitement lisibles. Pas besoin de retourner dans la règle (pour la version de base), pour se souvenir des contraintes de chaque peuple. Tout est rappelé sur la carte sans détériorer l’esthétique générale.
On pourra par contre être un peu surprise car les cartes se révèlent plus « sérieuses » que ce que le gobelin sur la boîte de jeu ne pourrait laisser croire.
Un jeu efficace dans toutes les configurations
Autre point intéressant, le jeu se révèle efficace dans toutes les configurations.
Puisque l’interaction se limite globalement à son voisin précédent, le nombre de joueurs n’aura que peu d’importance et le jeu tournera aussi bien à 2 qu’à 4, au détail près que j’ai trouvé le nombre de cartes à 2 un peu trop limité avec une pioche qui s’épuise vite et n’est pas assez renouvelée à mon goût.
J’ai eu l’occasion de tester Aetherya avec des joueurs plutôt occasionnels ou très habitués et tous ont été réceptifs au jeu qui renouvelait pour eux la mécanique du Skyjo en le rendant bien plus intéressant que le jeu de base.
Les parties rapides d’une vingtaine de minutes sont aussi très agréables. Il est facilement possible d’enchaîner les parties ou de jouer lors de plages horaires plus réduites.
Quelques petites faiblesses ?
Du côté des points faibles du jeu, je pense que nous allons devoir nous intéresser ici à des détails.
La boîte de jeu est par exemple un peu grande pour le matériel contenu.
Bien que l’initiative soit plaisante, je n’ai pas trouvé les variantes proposées dans les règles nécessaires et nous nous contentons de jouer avec les règles de base qui sont pour nous très bien calibrées et permettent des parties très agréables.
Enfin si vous jouez avec des joueurs moins initiés et qui surveillent peu le jeu de leurs successeurs, ils pourront se trouvés très avantagés si ils arrivent par exemple à faire une stratégie basée sur les gobelins et leurs marécages.
Un jeu agréable et intéressant pour tous
Au final, Aetherya est donc un jeu que je vous recommanderai si vous recherchez un jeu familial mais intéressant et rapide. J’aime beaucoup en ce moment, ce format de jeu qui permet une installation et des parties rapides, sans rechigner sur la qualité ni sur l’intérêt du jeu.
Malgré ses règles très simples, et la dose de hasard assez présente, il vous faudra faire les bons choix pour agencer au mieux votre espace, sans oublier de surveiller le jeu de vos adversaires pour ne pas les laisser s’envoler avec par exemple, une stratégie tournée vers les gobelins qui peut s’avérer redoutable si elle n’est pas contrée.
Le jeu est pour moi d’une belle efficacité et il pourra plaire sans aucun doute aux joueurs familiaux et initiés, surtout si ce thème fantastique leur parle. Le succès a en tout cas été au rendez-vous dans mon entourage et je vous recommanderai donc de découvrir Aetherya, que vous pourrez vous procurer chez Philibert, BCD Jeux ou Ludum (code de parrainage 052478612 pour bénéficier de 5€ sur votre première commande).
*Exemplaire presse reçu d’Atalia sans contrepartie et avis sincère
Le blog et les jeux d'une Maman Loutre 